Nous démarrons ces séances d’interview avec une auteure que, si vous ne la connaissez pas déjà, vous ne tarderez pas à découvrir. En effet, Bridget Page m’a fait l’immense plaisir d’accepter de répondre à quelques questions. Nous avons eu l’occasion d’échanger à plusieurs reprises lors de mes lectures de DOR : apprivoiser et DOR : chérir. Elle a toujours trouvé le temps de me lire, lorsque je pestais, lorsque j’étais en colère ou encore révoltée, mieux encore elle prend le temps de répondre à chacune de mes interrogations ou de rebondir sur mes états d’âme. J’ai beaucoup aimé parler avec elle de ma vision de l’histoire.
Débutant comme elle dans le vaste monde de la littérature, elle en tant qu’auteure et moi blogueuse, je trouve donc normal de commencer cette nouvelle section avec elle.
Un grand merci à Bridget pour sa gentillesse, sa simplicité, son humanité. Merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions avec autant de sincérité et de rapidité. Merci de créer pour nous des moments de lecture si précieux et si intenses. J’espère pouvoir un jour rencontrer cette auteure très prometteuse et cette femme adorable.
Laissons place à l’interview…
1) Bonjour Bridget, les internautes et vos lecteurs ne vous connaissent pas forcément, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Je suis une femme toute simple, secrétaire médicale dans un service d’Urgences et mère de deux grands enfants de 25 et 21 ans.
J’ai écrit dans mon adolescence, couchant sur le papier des idées romantiques. J’ai écrit à 16 ans une nouvelle. Il s’agissait d’une romance torturée… déjà ^^
Hormis ceci, durant toutes ces années, j’ai gardé pour moi les idées d’histoires, que je nourrissais en mon fort intérieur, sans jamais les extérioriser. Elles étaient en quelque sorte mon refuge.
Cet été, la plateforme Fyctia a ouvert ses portes. C’est sur la page de l’auteure Alexandra Gonzalez que j’ai découvert son existence. Je suis allée jeter un œil, j’ai participé au beta test et lorsqu’en aout le premier concours officiel a démarré, j’ai décidé de participer.
J’ai créé l’histoire d’Annabelle et Greg de toutes pièces, devant l’écran, avançant pas à pas, les découvrant en même temps que les lecteurs, qui sont devenus de plus en plus nombreux. Cette aventure a été incroyable et m’a beaucoup appris sur l’écriture. J’ai terminé seconde.
2) Je crois que vous travaillez en parallèle de votre métier d’écrivain, comment arrivez-vous à concilier les deux ?
Ce n’est en effet pas tous les jours simple. J’écris principalement le matin, entre 6h et 7h30. Ensuite je me prépare et je vais travailler. J’ai parfois l’impression de faire double journée 😀
3) Quelle a été votre réaction lorsque vous avez eu votre livre entre les mains la première fois ?
J’ai versé quelques larmes et je l’ai tourné et retourné entre mes mains, avec incrédulité : comment en étais-je arrivée à cela ? Moi, j’avais réussi cette chose ! C’était une grande fierté.
4) À quel moment avez-vous réalisé que vous souhaitiez devenir écrivaine ? Quel a été le moment déclencheur ?
Comme je le disais plus tôt, ces histoires que je créais dans ma tête m’ont nourrie et ont façonné l’auteure que je pouvais devenir. Le concours Fyctia fut le déclencheur. La survenue de la cinquantaine, peut-être bien aussi ^^
5) Quelle est votre journée type d’auteur ? Avez-vous des rites quand vous écrivez ?
Lever à 6h, un petit café bien chaud, mon ordinateur. Ensuite j’attends que le premier mot vienne. Parfois je sais exactement ce que je veux écrire, parfois l’histoire m’entraine, dans un sens totalement différent. Je relis une fois, j’enregistre et je laisse mâturer. Bien souvent le soir j’y reviens, je corrige quelques fautes, je change un mot ici ou là, mais le chapitre reste le même. Je n’ai jamais fait de changement drastique dans un chapitre. Je le laisse exister, tel qu’il est né.
6) En France, nous vous connaissons grâce au premier tome de votre série DOR (Diary Of Rebirth), qui a été une magnifique découverte pour mon blog. Comment vous est venue l’inspiration pour cette histoire ?
L’inspiration est venue face à l’écran. Je n’avais pas d’idée réellement faite de ce que je voulais écrire. Je voulais écrire sur la douleur et sur le pouvoir que peut avoir l’amour pour guérir cette douleur. Je voulais opérer une reconstruction chez mon héroïne et puisqu’il s’agissait de New Romance et qu’immanquablement le roman contiendrait des scènes explicites, j’ai pensé que je pourrais démarrer de très bas et construire lentement quelque chose de beau qui annihilerait l’horreur de l’agression de base. Pour ce qui concerne cette agression, je n’exclus pas la possibilité d’être un chouia tordue, aussi. ^^
7) Je sais que vous avez fait lire en avant première votre roman à vos collègues de travail. Comment ont-ils réagit ?
A dire vrai elles l’ont découvert au fur et à mesure de leur parution sur Fyctia. Avec ma famille, elles ont été mes premières lectrices car lorsque j’ai commencé le concours personne ne me connaissait. Elles ont tout de suite adhéré à mon histoire, à ma manière de la raconter et ont été assez surprises que j’écrive et que je le fasse dans ce style de littérature. Je n’avais jamais parlé de mon goût pour l’écriture.
8) D’après vous, est-il plus intéressant d’écrire sur un héros torturé ou sur un prince charmant ?
Les deux ont leur intérêt, même si je ne dirais pas que mon héros est un prince charmant. Ecrire sur Annabelle et sur sa douleur, ses peurs, ses doutes, était infiniment difficile et pourtant incroyablement gratifiant. Je ne sais pas comment font les autres auteurs, mais pour ce qui me concerne, je me glisse dans la peau du personnage qui subit l’action et raconte de l’intérieur ses sensations, ses sentiments. Cela peut être vraiment troublant voire douloureux.
Pour ce qui concerne notre « prince charmant des temps modernes », c’était différent. D’abord il me fallait penser comme pourrait le faire un homme et non pas penser comme une femme croit qu’un homme pense. J’ai testé la crédibilité de certaines réactions auprès d’hommes de mon entourage pour essayer de faire au mieux et de ne pas faire de Greg une caricature, même si le chapitre « Greg » en est clairement une ^^ J’ai vraiment aimé me glisser dans chacune de ces deux personnalités.
9) Parlons un peu des personnages de votre roman. Que pouvez-vous nous dire sur Annabelle et Gregory ? Comment les décririez-vous ?
Annabelle est enfermée dans un carcan de douleur et de renoncement. Elle ne vit pas, elle survit. Plus rien n’a réellement d’importance et à dire vrai je ne sais pas réellement pourquoi elle n’a pas mis fin à ses jours. Sans doute parce qu’il y a, ancrée en elle, un minuscule espoir qu’elle n’arrive pas à suffisamment écraser pour passer à l’acte. L’espoir de voir sa vie changer, l’espoir que quelqu’un vienne la sortir de sa prison et lui démontre qu’il y a encore quelque chose à vivre. Elle est brisée mais pas détruite. Sans doute parce qu’il y a en elle une force qu’elle ignore, qui sommeille et qui attend son heure.
Greg est un crétin. Il faut bien le dire. Imbu de lui-même, sûr de son charme et de ses « aptitudes » il déambule dans la vie comme un acteur, jouant un rôle qui lui permet de se cacher et de ne pas souffrir. Il a tout pour lui, sauf peut-être une âme, ou du moins il se plait à l’ignorer. Il se joue des femmes en les comblant, le temps d’une soirée, d’une nuit et en leurs reprenant tout au petit matin, sans doute comme Ava lui a tout repris, en son temps. Il a renoncé à l’amour parce qu’il pense que ce qu’il en a vu n’est que fourberie, mensonge et douleur. A dire vrai, il n’a jamais aimé et ce qu’il croit avoir été de l’amour n’a été rien d’autre qu’une relation de domination exclusivement axée sur le sexe.
10) Quel est votre personnage préféré dans votre saga ?
J’aime vraiment Greg et Annabelle, car ils sont opposés et que chacun d’entre eux est riche de sentiments forts. Toutefois si vraiment je dois choisir, je pense que Greg a réellement été un challenge et que son parcours vers la rédemption m’a beaucoup inspiré.
11) A travers vos histoires, vous abordez des sujets difficiles, est-il facile de s’en détacher une fois l’ouvrage fini ?
Je pense que quelque soit le sujet, il est extrêmement difficile de dire au revoir à un livre. Je l’ai découvert à mes dépends, lors de la parution du tome 1. J’ai vécu un véritable « book blues ». C’était comme de voir partir le dernier enfant de la maison. Il ne m’appartenait plus, il allait vivre sa vie et je n’avais plus le moindre rôle à jouer. C’était vraiment déstabilisant.
12) Les sujets du viol, de la pédophilie, abordés dans vos romans, sont-ils des thèmes que vous voulez dénoncer ? Certains passages ont-ils été difficiles à écrire pour vous ?
Comment ne pas vouloir dénoncer de telles pratiques ? C’est évident. Toutefois, je n’ai pas écrit cette histoire dans ce but. Le fait que les victimes soient mineures donne définitivement aux hommes qui en abusent le statut de monstre. Ce besoin chez eux de cueillir l’innocence de chacune de leur proie et de la bafouer, brisant net l’essence même de cette féminité qui aurait du éclore, les rend d’autant plus immonde et je voulais que les méchants de cette histoires le soient vraiment. Il était important pour moi que cette expérience atroce ait été la seule et unique de la jeune vie d’Annabelle. Je voulais reconstruire cette jeune femme en totalité, je voulais voir Greg lui apprendre ce qu’est réellement le désir, le plaisir. Un recommencement, un reset, une remise à zéro, en quelque sorte.
Pour répondre à votre seconde question, oui, certaines scènes ont été réellement difficiles. Pas vraiment à écrire, mais à vivre de l’intérieur, à ressentir. Les mots glissaient de moi et parfois s’y mêlaient des larmes. Les scènes de cauchemars, les souvenirs, tous ces moments où les loups entraient en action, ont été très durs à vivre psychologiquement parlant et il m’a fallu, à chaque fois, un certain délai avant de pouvoir passer au chapitre suivant.
13) Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ?
J’ai le bonheur de ne pas en avoir reçu beaucoup jusqu’à maintenant. Il y a celles qui se tiennent et qui peuvent se comprendre, chacun ayant sa sensibilité. Et puis il y a celles qui n’ont pour objet que de démolir, décrédibiliser l’auteur, par jalousie, par bêtise, par pure haine. Celles-ci sont plus difficiles à vivre. Il faut passer au dessus et c’est très difficile lorsque l’on arrive dans le métier.
14) Aimez-vous lire ? On dit souvent qu’il faut beaucoup lire pour écrire, qu’en pensez-vous ?
J’adore lire ! Le fait de lire vous apprend beaucoup de choses, bien entendu. La manière de poser des mots, de faire jouer les phrases entre elles, les effets, les styles différents, la façon de captiver un auditoire, chaque livre que l’on a dévoré, adoré, lu et relu est une inspiration et construit, brique après brique, l’auteur en devenir que l’on est.
Je suis une fan inconditionnelle de Stephen King. J’aime beaucoup Dean R. Koonz également et Mary Higgins Clark.
Depuis quelques années, je me passionne pour la New Romance, j’aime beaucoup la liberté que ce genre apporte, en matière de sexualité, ce vent de folie et de dévergondage qui s’accommode tout aussi bien de la romance, du suspens, de la S.F. C’est sans doute mon petit côté coquin à moi 😉
15) Que lisez-vous en ce moment ? De quoi se compose votre PAL ?
En ce moment je lis le tome 3 de Night Owl : After Dark. Dans ma PAL il y a ALEX de Pierre Lemaitre (excellent), le tome 3 de l’Enlevement de Anna Zaires, Hard Boy de Helena Hunting, la série Hacker que j’aime beaucoup, Captive in the Dark de CJ Roberts, la série Driven bien sûr, Maybe Somerday et Ugly Love de Colleen Hoover, After, Percée à nue (dérangeant, déroutant), il y en a des centaines à dire vrai ^^
16) Pouvez- vous nous raconter un moment insolite de vos moments d’écriture ?
J’ai le souvenir d’une conversation, via le net, avec ma sœur aînée, qui a été ma première correctrice. Il s’agissait d’une scène très chaude, l’une des premiers que j’écrivais, et nous étions à la recherche de synonymes pour des mots assez crus. Les répétitions sont l’ennemi fatal de la scène dite « lemon » et parler du sexe masculin et féminin sans faire de répétitions est un véritable challenge. Les propositions de ma sœur et les miennes se télescopant sur la messagerie de Facebook reste un grand moment de drôlerie. Nous n’avions jamais eu l’occasion de parler de ce genre de choses de manière aussi crue et les mots qui volèrent, ce jour là, entre deux sœurs d’un âge plus que respectable, restent un grand moment de l’écriture de Diary of Rebirth.
17) Avez-vous des projets d’écriture ? Pouvez-vous nous en parler ?
J’ai deux projets d’écriture qui sont en maturation.
J’ai adoré me mettre dans la tête des psychopathes de DOR et j’aimerai beaucoup écrire dans ce sens, un thriller.
J’ai également une idée de romance, avec une base extrêmement douloureuse. Je crois que j’aime vraiment cette idée que la souffrance transcende l’amour qui en découle.
18) Madame Lit souvent au lit…Et vous ? 🙂
Je lis très souvent au lit, moi aussi ou bien alors bien au chaud dans mon canapé, sous un plaid ou une couette, avec un café fumant. Je lis dans mon bain aussi. C’est encore meilleur !
19) Un mot pour vos lecteurs et Fans ?
Je les aime, tout simplement. Si je vis cette aventure, c’est bien grâce à eux. Ecrire, c’est une chose, mais trouver un public en est une autre. Ils sont une sorte de reflet que me renvoie le miroir devant lequel je me penche, d’un air inquiet, à chaque fois que je doute. Ce reflet me fait du bien, il me rassure. J’entends les encouragements, la fougue, l’engouement de certaines de mes lectrices, les compliments et surtout, surtout ces mots qui me disent qu’ils ont souffert avec Annabelle, qu’ils ont aimé avec Greg, qu’ils ont eu peur, qu’ils ont ri, qu’ils ont haï, qu’ils ont reçu en plein cœur tous ces sentiments que j’ai tenté de partager avec eux. C’est un bonheur infini et je ne les en remercierai jamais assez.
20) Merci beaucoup Bridget pour vos réponses. Je sais que vous avez un message à faire passer, c’est donc avec plaisir et émotion que je vous laisse la parole…
Je voudrais dédier l’aventure Diary Of Rebirth à mon père qui nous a quittés récemment. Il a suivi ma progression dans le concours, il a voté chaque jour, il a tenu des statistiques, réalisé des marque pages pour le livre, il a été dans cette aventure de bout en bout. Même si c’était un homme pudique et qu’il n’en parlait pas beaucoup, je sais qu’il était fier de moi. Et cela compte énormément pour moi.
Merci à tous d’avoir lu cette première et émouvante interview. N’hésitez pas à laisser votre avis en bas de cet article.
Madame Lit.
9 commentaires
Chambrier
3 février 2016 à 20 h 24 min - #1
Superbe interview ma bri, tu as des talents que tu nous avais bien cachés à nous tes collègues. Je suis fière d avoir fait partie de ton équipe et ne t en fais pas, ton papa est fier de toi…
Ps: je viens de commander le tome 2!!! Trop hâte qu il arrive
MadameLit
3 février 2016 à 20 h 56 min - #2
Je suis bien d’accord avec vous ! quel talent !!! 😀 le tome 2 est juste parfait !!!
Bridget Page
3 février 2016 à 22 h 02 min - #3
Merci !!! Tu es un amour !
Bridget Page
3 février 2016 à 22 h 01 min - #4
Merci Magali^^
Nous n’avons pas eu l’occasion de parler du tome 1 et de ce que tu en as pensé. J’ai hâte de savoir !
Mais j’imagine que si tu as hâte de voir arriver le 2, c’est que le 1 était à ton goût 😉 J’espère que tu trouveras la réponse à toutes tes questions . Bisous
magali
6 février 2016 à 23 h 39 min - #5
merci pour cette belle interview qui résume très bien l’histoire de D.O.R et son auteure 🙂
je suis de très prés l’aventure de ce très beau roman et reste une fan inconditionnelle
Mélina
7 février 2016 à 17 h 55 min - #6
Superbe interview ma Bridget ! J’en ai les larmes aux yeux. Je suis très fière de faire partie de tes premières lectrices.
C’est le début d’une grande aventure…
Gros gros bisous
MadameLit
21 février 2016 à 16 h 42 min - #7
Merci Melina pour ce beau commentaire !
Lili
16 février 2016 à 0 h 54 min - #8
Merci pour cet interview . J’ai dévore les 2 premiers.. Et attends le 3 e…. Avec patience, je ne doute pas… Ce 3 e sera merveilleux comme les précédents. Encore félicitations…. Continuez… Je vous suis <3
Merci de prendre le temps de répondre à nos commentaires.
MadameLit
16 février 2016 à 7 h 26 min - #9
Oh nous l’attendons tous avec impatience ! Il devrait sortir fin mars début avril !dès que j’en sais plus, je vous tiendrai évidemment au courant !
Merci de votre soutien, cela veut dire beaucoup pour moi ! Encore MERCI ! ❤️